mercredi 19 novembre 2008

histoires de l'art / La participation.

A savoir quand est né l art participatif et si il est sémantiquement institutionnalisable, nous ne pourrons que bien difficilement apporter une réponse à ce sujet, mais voyons plutôt de quoi il est question. Si Paul Ardenne s empresse de citer Marcel Duchamp dans son chapitre consacré à " L art comme participation "* et d utiliser son fameux " ce sont les regardeurs qui font les tableaux", c est sans doute pour ancrer la genèse d un art participatif dans un art dit classique, cependant précise Ardenne " il y a divergence sur un point essentiel, celui de la reliance, de la nature du lien réunissant oeuvre plastique, d un côté, et spectateur, de l autre. L art participatif relève de la sollicitation, il recherche de manière ouverte et souvent spectaculaire l implication du spectateur. S il vit lui aussi de transitivité, comme l art classique, il n offre pas des objets à regarder mais des situations à composer ou avec lesquelles composer. Cela tient à la nature inachevée de l oeuvre d art participative, son achèvement plastique supposant que le spectateur y mette la dernière touche."
Ensuite Paul Ardenne se réfère à certains exemples d artistes déterminant dans ce nouveau rapport formel au récepteur, les "bichos" de Lygia Clark, l"Open house" de Gordon Matta-Clark, la "Red Bathroom" de l Atelier Van Lieshout, poursuivant ensuite sur le travail conceptuel de John Cage et sa "théorie de l inclusion dont l argument se résume pour l essentiel à cette formule: l art peut se trouver partout et peut tout envahir."

"Open-house", Gordon Matta-Clark

Après ces références et ces renvois, il est bien sûr toujours aussi difficile de cerner ce que cet art a de participatif. Nous avons cependant quelques indications essentielles que glisse ce critique et maître de conférences en histoire de l art et esthétique. Il est souvent ici question de l Autre, Mr Ardenne parlera lui d"autrisme" à ce propos, prenant appui et différence sur le mot "autisme".

Il faut dire que la notion d altérité a subi dans ce vingtième siècle de sérieux coups, autant la philosophie sartrienne ne l a pas aidé, du moins l a sérieusement inquiété par une phrase popularisée devenue choc " L enfer c est les autres " mais ce n est certes pas ce détail provocant d un courant de pensée critique qui peut résumer l oeuvre de Sartre et encore moins porter la responsabilité de la profonde blessure que l Autre va recevoir au cours du XXe siècle. Au même moment, l industrialisation de la mort fait son entrée sur l échiquier de l humanité. Les camps nazis apparaissent et l Autre devient une bête à abattre en quantité. Le prétexte sera son intelligence ou sa non conformité à un modèle social, celui du National Socialisme.

L inconscient collectif post-grec et post-latin n a pas encore su comment se sortir de cette mémoire récente où pointent les utilisations nocives et destructives de l industrie. Il a bien du mal, occupé normalement à respecter des valeurs d attention à son prochain et d entraide social, à réaliser que sa civilisation ait pu produire un tel désastre affectif et pourrait-on dire, continue-t-il à participer à des événements similaires, tel le génocide Rwandais, les camps de guerre Bosniaque, les tortures irakiennes, les systèmes de dette et de famine organisé croyant que de tout temps la violence est conséquence de la part animale chez l homme. Indiscutable en effet que l agressivité soit hormonale et plus fréquente chez la race masculine, mais il est surprenant que l on continue à croire que le fait de tuer en masse est un acte d animal prédateur. Si je continue vous penseriez sans doute que je m éloigne de mon sujet mais tout au contraire, je pense m en rapprocher car le fait même de parler de l Autre et de son déni progressif dans une société industrieuse et consumériste est une des raisons majeures qui poussent des actions radicales qu on peut qualifier de performances ou de happenings, appartenant au "monde l art contemporain", de l "anormalité" sans doute pour en éloigner l aspect subversif, "trop généreux", mais qui permettent comme le sous-bassement d un futur, de reconstruire un corps social en résistance, homogène et hétérogène à la fois.


* Un art contextuel, Paul Ardenne

texte en cours

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