mardi 3 février 2009

Pour le cathartique, le misérable, le scatophage, le saignant Jean Louis Costes.


jean louis costes

Evidemment les performances à caractère chamanique et sexuel de Jean Louis Costes ne sont pas aujourd'hui diffusées dans les institutions conventionnées. Sa réputation ou sa discrétion médiatique n'est pas tant de sa volonté mais plutôt de la crainte que provoquent ses explorations psychiques et organiques. Même si nous pouvons rappeler assez facilement aux plus jeunes qui nous écoutent que de nombreuses fêtes païennes ou sacrées, propre à chacune de nos cultures (latines, grecques, celtes, africaines, amérindiennes...), étaient spécialement organisées pour libérer nos tensions retenues en de puissantes explosions orgiaques partagées par toute la communauté, nous devons aussi leur préciser que le but recherché était justement celui de réguler la violence propre à l'humain dans sa société.

Ne croyez pas pour autant que ces méthodes ont été oublié. Bien au contraire, les systèmes de défouloire ont été tout à fait intégré à notre société de consommation. Ainsi les loisirs, le sport et la culture font le maximum pour donner l'illusion de cette liberté communautaire retrouvée... mais comment et où, au juste, retrouver le temps et l'espace de cette rencontre ?
Hakim Bey a, par exemple, pensé aux TAZ (Zones Autonomes Temporaires), les travellers et les techno-tribes ont eux répondu par des free-party. La Rainbow Family ouvre à quiconque ses grands rassemblements d'amour et de paix. Jean Louis Costes s'offre quant à lui, depuis une trentaine d'années, des petites transes en cave avec quelques uns de ses fidèles, partageant avec eux projections gastriques et névrotiques.

Le public présent semble tout à fait disposé à se faire peur ou à regarder de plus près ce qu'il n'oserait partager lors d'une discussion en plein jour. Il faut dire que Jean Louis Costes est rapide et a l'amabilité de nous mettre très vite sur un plan d'égalité psychique. Effectivement il lui faut en général à peine deux minutes pour nous saturer de toutes les pathologies possibles et développables à partir des origines de notre conception, de la formation de notre sexualité à l'exploration de notre fécalité. Les tabous tombent si violemment et si "bête-ment" que les spectateurs n'ont peu le choix entre rires, larmes, dégoûts et stupéfactions.

A force de don et de catharsis, usé à toutes les caves et tous les squatts, Jean Louis Costes parvient à tordre son égo à d'étranges simulacres. Bien plus christiques encore. L'exhibition de son corps souvent nu, le jet fictif de ses excréments sont autant de signes de distribution compassionnelle et d'amour spectaculaire et bilatéral. Il le confirme par ailleurs dans des interviews pendant lesquels il semble succomber et regretter de dire son saisissement et ses accointances spirituelles face au crucifix. Ses mots sont à cet égard sans malentendu mais son visage souffre et ne s'amuse pas de cette reconnaissance. Alors que regrette ici Jean Louis Costes ? Vit-il la douleur de son premier assujetissement symbolique ? Y voit-il le paradoxe d'un dieu humain qui a racheté nos péchés mais à partir duquel on aurait instauré l'organisation pyramidale de notre société ou saignerait-il vraiment pour la première fois, face aux bourreaux tant haïs de la "masse média" ?


Sylvain Pack

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