vendredi 12 novembre 2010

Pour Patrick Watson, une "musique libre".

Patrick Watson
Je ne sais pas comment identifier ce qui me touche autant dans l'album Wooden arms de Patrick Watson. Je ne serai pas non plus comment éviter ma subjectivité émotive à la rencontre de cette voix vaporeuse, toujours attirée vers des circonvolutions plus aériennes. Avant Wooden arms , le son de ces musiciens aimait souvent à se perdre ou à se chercher. On y trouvait déjà le plaisir du passage, se spécialisant dans un art fluide, propre au glissement de terrains. Dans un même morceau, sans désinvolture, le groupe pouvait contempler froidement les eaux noires de l'écho et de l'oubli, empruntant, puis allégeant une valse psychédélique, et se retrouver soudain autour d'un couffin et lui offrir une berceuse tout aussi enveloppante.

Génération de stars vocales qui ne cachent plus ses références, qui ne tuent plus ses pères mais les mettent en avant jusqu'à revendiquer les mêmes textures, les mêmes formes, comme si ce lien manquait et qu'il fallait le combler. Arcade Fire portée par la fougue de The Cure, de David Bowie, Patrick Watson par Jeff Buckley, Pink Floyd... S'ancrer dans une musique récente, encore vivante, puis tisser des liens avec les prochaines, patiemment, en apprenant sur scène, en exerçant ses sensations avec le public. Se rendre poreux, travailler la surface, devant 5000 personnes, risquer la fragilité d'une ballade pour des amis croisés. Avoir l'impression que donner ce moment est plus important que de savoir le jouer.

Je parlais avec un ami, anthropologue sonore, de musique libre, terme qu'il semblait vouloir emprunter pour définir une musique décomplexée, tout un chacun jouant comme il peut avec ce qu'il veut donner pour entrer en relation avec l'autre. Ce qui n'enlève en rien au fait de savoir, de connaitre un air, un instrument. Bien au contraire, une musique libre comme une invitation à découvrir sa propre manière de jouer. C'est sûrement de là que Patrick Watson est parti et a pu rencontrer Lhasa de Sela pour nous offrir les compositions bouleversantes de Wooden arms. Lhasa est aussi une musicienne errante, d'origine canadienne, fille de voyageurs, prompte au jam partagé au détour de la route. Chemin d'amours et de solitudes douloureuses accueilli par la voix extraordinairement écoutante de Patrick Watson. Particularité rare de ces corps : instruments accompagnateurs, parfois si loin derrière et parfois si proche, sans jamais se dérober à la présence de l'autre.

Lhasa Patrick Watson
Sylvain Pack.

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