Un facteur décisif du dépassement de la notion d'auteur apparaît clairement dans la pluralité d'énergies et de savoirs que requièrent les création processuelles et numériques de notre ère. Si la notion d'auteur disparaît, si la fonction d ouverture des activités artistiques collectives ou en réseau tend à faire oublier le démiurge en tant qu'autorité patriarcale, nous pouvons gagner en disponibilité, en temps d'apprentissage et d'échanges, et reléguer le pouvoir et la reconnaissance de l'objet à d autres utilités.
Pour autant l'artiste individu ne disparaît pas. L'être y découvrant sa subjectivité, une recherche existentialiste demeure et y trouve les lieux de son épanouissement. Il n'est pas non plus annoncé la mort de l'Oeuvre, dont nous avons esquissé les anciens contours dans "la mobilité". Il s'agit de la mise à disposition d'expériences et de la circulation de concepts. Peut-être que dans cette forme plurielle se maintient la position interactive de l'Oeuvre, tel qu'elle s'est fait connaître, un art de faire, à travers la création d'outils d'auto-détermination pour reprendre les préceptes Beuysiens ou Filiouesques. Néanmoins les artistes ne répondent pas tous aux mêmes exigences spirituelles que ces deux artistes animés par la mystique, et le simple fait de s'associer ouvre déjà à certaines nécessités vitales des plus impérieuses: nutritives, affectives.
Engendrant des activités ludiques réincorporées à notre quotidien, bien plus proche que les considérations formelles de l'artiste-peintre, l'art du XXème siècle devient plus accessible alors même qu'on va le considérer comme dégénéré** ou insignifiant. Les performances et les installations qui apparaissent dès la moitié du XXe siècle, se libèrent du chassis et du pinceau,,s'emparent des sujets de la table ou du labeur, qui préoccupaient déjà Chardin, Millet ou Van Gogh, s'essayant aux outils des pratiques culinaires, sociologiques, thérapeutiques... Ces activités vont sortir du cadre, vont parfois tenter de se mélanger à la vie, tel était en tout cas l'objectif du groupe Fluxus, et ainsi s'approcher de techniques non-artistiques, tout en gardant imagination, remise en question des réalités, et souvent, goût de la provocation. Ces techniques empruntées au monde industriel, au monde social, au monde politique voient parfois s'effacer la toute puissance du créateur pour
...
Le romantisme occidental, encore prégnant malgré l'intégration sociale de l'artiste, a poursuivi son individualisme et s'est associé à merveille avec le jeu économique autour de la rareté du produit esthétique. La multiplication des stars, présupposé par les vidéos caustiques d'Andy Warhol, accentue et popularise cette possibilité de reconnaissance individuelle, d'accès à cette illusion d'amour universel qu'est le narcissisme. Dans ce monde d'images, comment ne pas confondre ce sincère désir d'exister pour quelque chose à cette chimère qu'est la représentation spectrale et démultipliée de votre image ou de votre nom ?
Que peut bien être encore l'art, issu au statut de valeur et de privilège, sans auteur défini, à une époque où la planète réalise, face à son histoire et son futur, l'impasse dans laquelle le projet humaniste s'est fourvoyé ?
« Qu'importe qui parle, quelqu'un a dit qu'importe qui parle. » *Engendrant des activités ludiques réincorporées à notre quotidien, bien plus proche que les considérations formelles de l'artiste-peintre, l'art du XXème siècle devient plus accessible alors même qu'on va le considérer comme dégénéré** ou insignifiant. Les performances et les installations qui apparaissent dès la moitié du XXe siècle, se libèrent du chassis et du pinceau,,s'emparent des sujets de la table ou du labeur, qui préoccupaient déjà Chardin, Millet ou Van Gogh, s'essayant aux outils des pratiques culinaires, sociologiques, thérapeutiques... Ces activités vont sortir du cadre, vont parfois tenter de se mélanger à la vie, tel était en tout cas l'objectif du groupe Fluxus, et ainsi s'approcher de techniques non-artistiques, tout en gardant imagination, remise en question des réalités, et souvent, goût de la provocation. Ces techniques empruntées au monde industriel, au monde social, au monde politique voient parfois s'effacer la toute puissance du créateur pour
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Le romantisme occidental, encore prégnant malgré l'intégration sociale de l'artiste, a poursuivi son individualisme et s'est associé à merveille avec le jeu économique autour de la rareté du produit esthétique. La multiplication des stars, présupposé par les vidéos caustiques d'Andy Warhol, accentue et popularise cette possibilité de reconnaissance individuelle, d'accès à cette illusion d'amour universel qu'est le narcissisme. Dans ce monde d'images, comment ne pas confondre ce sincère désir d'exister pour quelque chose à cette chimère qu'est la représentation spectrale et démultipliée de votre image ou de votre nom ?
Que peut bien être encore l'art, issu au statut de valeur et de privilège, sans auteur défini, à une époque où la planète réalise, face à son histoire et son futur, l'impasse dans laquelle le projet humaniste s'est fourvoyé ?
* Samuel Beckett
** Art dégénéré / exposition sous le 3ème Reichtexte en cours
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