En
à peine quelques années, une partie de la population mondiale s'est
liée à un réseau de communication et d'information inter-connecté.
Défauts et qualités humaines s'y sont trouvés aussitôt impliqués. Le capitalisme,
qui a emprunté le terme de libéralisme, est hanté par cette tension et
cette contradiction qu'éprouve la liberté humaine, sa liberté de créer,
de communiquer, sa liberté de partager, de vendre ses inventions et de
rentabiliser même l'expression de son identité. Nous pouvons continuer à
idéaliser la notion de liberté mais force est de constater que notre
époque a su tirer un profit extraordinaire de cette pulsion naturelle
afin d'organiser ou de maintenir une hiérarchie au bout de laquelle très
peu de gens sont invités à partager le même banquet. En accédant aux
réseaux d'inter-connexion, l'homme a dû troquer son intimité et sa libre
expression. Téléphones, radios, télévisions, internet, réseaux sociaux,
reality shows, blogs, autant de médias et d'applications qui nous
mettent en relation et mettent en représentation nos individualités
quelconques et singulières. L'édification des modèles de l'histoire
occidentale pourrait-il avoir influencé ce besoin général de
représentation et de reconnaissance ? Je ne détiens malheureusement pas
un appareillage assez ample pour deviner la subjectivisation progressive
dans les concepts influents de l'histoire mais je peux déceler dans
l'apparition des Droits de l'Homme une de ses curieuses déformations.
L'impératif républicain, face aux anciennes hiérarchies sociales dominantes, a permis la reconnaissance de l'individu, de ses choix de vie et de ses opinions, et plus récemment de l'enfant et de la femme. Ces progrès ont permis à l'individu d'acquérir aux yeux de la loi une première autonomie, une première indépendance de pensées et d'actions. Ses libertés personnelles s'en sont trouvées renforcées. Il lui est par exemple possible d'être un travailleur libre sans avoir à appartenir à une caste dévolue ou à un seul secteur d'activités; il lui est possible d'être indépendant dans sa pratique et tout autant créateur de sa discipline. Émancipation né de la révolte et de la récupération de droits pour l'homme et pour sa propre liberté, mais cette application est toujours menacée au regard de l'esclavage comme une continuité technique de domination et comme un relais de ses crimes. La jeunesse de ce progrès et sa laborieuse intégration conduisent potentiellement à un mieux-vivre. La liberté d'entreprendre, l'obtention, la "gagne", la victoire, appellent les lauriers, les médailles et le podium, donc la représentation de soi. La découverte du gain de sa propre image et de sa diffusion médiatique ne déborderait-elle pas de cette nouvelle situation ? Les "communiquants" ont d'ailleurs bien compris le système en usant d'images et de photographies trompeuses. Se présenter au monde sous son meilleur jour est bien le meilleur moyen de naviguer dans une économie qui repose sur la publicité. La commercialisation des objets, des échanges et enfin de toutes les valeurs auxquelles l'homme aspire, a, elle aussi, subi la dérégularisation des marchés. Dès qu'on a compris comme contourner la loi, inventer de l'argent et manipuler l'opinion, tous les sujets sont bons, toutes les vols de concepts sont opportuns. On pourrait faire ici résonner le sinistre slogan, initialement capitaliste, "Arbeit macht frei", qu'on a d'abord trouvé comme enseigne au-dessus des usines puis dans l'entrée des camps de concentration et des goulags. "Le travail rend libre" mais quel travail et pour quelle liberté ?
L'impératif républicain, face aux anciennes hiérarchies sociales dominantes, a permis la reconnaissance de l'individu, de ses choix de vie et de ses opinions, et plus récemment de l'enfant et de la femme. Ces progrès ont permis à l'individu d'acquérir aux yeux de la loi une première autonomie, une première indépendance de pensées et d'actions. Ses libertés personnelles s'en sont trouvées renforcées. Il lui est par exemple possible d'être un travailleur libre sans avoir à appartenir à une caste dévolue ou à un seul secteur d'activités; il lui est possible d'être indépendant dans sa pratique et tout autant créateur de sa discipline. Émancipation né de la révolte et de la récupération de droits pour l'homme et pour sa propre liberté, mais cette application est toujours menacée au regard de l'esclavage comme une continuité technique de domination et comme un relais de ses crimes. La jeunesse de ce progrès et sa laborieuse intégration conduisent potentiellement à un mieux-vivre. La liberté d'entreprendre, l'obtention, la "gagne", la victoire, appellent les lauriers, les médailles et le podium, donc la représentation de soi. La découverte du gain de sa propre image et de sa diffusion médiatique ne déborderait-elle pas de cette nouvelle situation ? Les "communiquants" ont d'ailleurs bien compris le système en usant d'images et de photographies trompeuses. Se présenter au monde sous son meilleur jour est bien le meilleur moyen de naviguer dans une économie qui repose sur la publicité. La commercialisation des objets, des échanges et enfin de toutes les valeurs auxquelles l'homme aspire, a, elle aussi, subi la dérégularisation des marchés. Dès qu'on a compris comme contourner la loi, inventer de l'argent et manipuler l'opinion, tous les sujets sont bons, toutes les vols de concepts sont opportuns. On pourrait faire ici résonner le sinistre slogan, initialement capitaliste, "Arbeit macht frei", qu'on a d'abord trouvé comme enseigne au-dessus des usines puis dans l'entrée des camps de concentration et des goulags. "Le travail rend libre" mais quel travail et pour quelle liberté ?