vendredi 30 janvier 2009

2009 France infréquentable!


Internet, l'entre-nous numérique, nous permet plus que jamais d'inspecter l'information, autant historique que contemporaine. Sa rapidité et sa multiplicité de points de vue ne nous laisse plus le choix d'un canal contrôlé ou de certaines lectures déjà orientées. Notre président l'a bien compris. Il a décidé de s'entourer et de seduire des gens d'obédiences politiques diverses en mettant la main basse sur tous les organes de presse, secteurs d'édition et télévision.



"2009, France infréquentable !" - a-t-on envie de faire savoir aux autres. "Europe, vieille maquerelle protectionniste et auto-centrée !" - a-t-on gardé ces injures trop longtemps secrètes. Ceux qui prennent la parole, hautes sphères, artistes du show-business, du petit écran, ne représentent plus depuis déjà longtemps tous les discours, la colère mais surtout la réalité qui surgissent dans les rues et les villes de nos pays. Comment j'en viens à une telle consternation ? Justement grâce à cette alter-information, correspondant en tout point à la manière dont j'ai essayé de m'instruire. Analysant, remettant en question et désapprenant souvent le contenu de l'enseignement national. Est-il besoin pour cela de rappeler les énormités que l'on fait encore avaler aux futures générations ? Charlemagne, Clovis, Charles Martel, la Gaule, les Francs... bref une lecture de l'histoire contestable qui permettrait d'instaurer une citoyenneté à toute épreuve, à moins que certains professeurs, comme on en trouve heureusement beaucoup, sachent s'approprier et investir les programmes en donnant goût de la connaissance et de l'émancipation intellectuelle.
Certains journaux ont su anticiper l'importance du web et nous permettent ainsi une certaine accessibilité de l'information, tant de blogs et de sites font le relais, prennent du recul, détaillent et vérifient. Une armée gigantesque de journalistes amateurs font ce que beaucoup ont perdu sous les projecteurs et dans l'appât du gain. Ainsi nous savons que la presse nationale ne transmet plus toutes les informations et notamment toutes celles, extrêmement alarmantes, d'abus policiers. A ce jour et depuis l'investiture de Nicolas Sarkozy, je recense un bien trop grand nombre de courriers électroniques décrivant des scènes de violences policières faites sur la population.


Arrestations arbitraires, maltraitances physiques en pleine rue, dans des lieux publics, dans des écoles sont devenus choses courantes que refusent de reléguer la presse. Pour rappel, Abdelakim Ajimi dit "Hakim" a été tué par la police française vendredi 9 mai 2008 à Grasse, à l'âge de 22 ans. Trois policiers l'ont étouffé après qu'il se soit emporté dans une banque alors qu'on lui refusait un retrait. Le 20 Novembre 2008 à Auch la police s'introduit dans une classe, lâche ses chiens, fouille et fait se déshabiller des mineurs. Jeudi 22 Janvier 2009, à Limoges, rue de l'Escluse, le Teddy Bear se voit envahi et attaqué sans raison par les lacrymogènes de la BAC et des SRS, etc, etc, etc (informations toutes vérifiables). Je veux de plus témoigner de faits de répression tout aussi inquiétants, vus dans le métro et dans la rue depuis un an: l'arrestation et l'humiliation systématique dont sont victimes des personnes d'origine maghrebinne ou africaine. L'encerclement et le quadrillage de nombreux quartiers à population étrangère. Violences et agressions faites sur des jeunes entrain de danser, sur des musiciens de fanfare. Prise de stupéfiants et de cocaïne, intimidations et insultes sont les actes de la police dont j'ai pu me rendre témoin. Sachant qu'il existe dans mon entourage de nombreux témoignages similaires, il me faut conclure et imaginer la pire des gangrènes qui est entrain de se répandre et de se reformer, 70 ans après la collaboration française avec le national socialisme.

Sylvain Pack

mercredi 14 janvier 2009

Contre Christophe Honoré, le creux de la vague.


christophe honore

Je viens d'abréger le film "La belle personne" (4 étoiles par Libération, L'express, Télérama...) et Christophe Honoré va me servir idéalement et très injustement de bouc émissaire pour asséner ma hargne et mon dépit quant à la production du cinéma français. Pour commencer rapidement, ce film est évidemment celui d'un très mauvais faussaire. Pour cela aucun besoin d'aller chercher dans les objets de la nouvelle vague pour comprendre l'hommage ou plus simplement la technique de séduction utilisée : refaire du neuf avec du vieux. De séduction d'ailleurs, il est question. Choisissez de jeunes visages lisses et glabres, un peu mélancoliques et malades, réunissez les dans un lycée parisien et secouez mollement, vous obtiendrez l'immonde fainéantise filmique qu'est "la belle personne".

Mais pourquoi donc tant de haine de ma part ? Un regard sur la jeunesse parisienne ne peut-il être source de questions sincères ou d'émerveillements ? Certes mais le gouffre s'installe si vite entre nous et la surface de projections lorsque l'on découvre qu'aucun acteur n'est porté par une quelconque vérité puis enfin, fatalement, lorsque l'on décèle la fragilité du propos : les conflits sentimentaux que provoque une jeune lolita débarquée fraîchement dans l'école. Là aussi n'y aurait-il pas encore matière à vivre un dilemme oedipien, à participer à l'érotisme complexe de cette belle traumatisée ? Non, Christophe Honoré semble plutôt s'être inspiré directement des sitcoms de télévision pour illustrer ses passions secrètes. En passant par la "cafète" (le bar avec la gentille tenancière vieille et moche et confidente), le quiproquo de la lettre d'amour qui tombe de la poche, le prof qui sort avec ses élèves, les jalousies ... on aura vite compris que le réalisateur en pince pour ces belles gens mais faut-il tristement aussi reconnaître qu'il est nulle part question d'intelligence, d'intelligence du coeur, d'intelligence de l'esprit, d'intelligence de quoi que ce soit. Tous ces privilégiés, déprimés par la grisaille et l'ennui, se désirent dans une consternante sècheresse d'âme. Le tout est à coller dans la vitrine pathétique et nostalgique (néanmoins calculatrice) du cinéma français au côté d'"Amélie Poulain" et d'autres attrape-nigauds touristiques.


christophe honore

Passons enfin à la production cinématographique bleu-blanc-rouge, ultra réservée, tout à fait à l'image de cette petite caste parisienne tout juste déboîtée. Voilà peut-être 20 ans, peut-être 30 ans que le cinéma français s'auto-congratule et se définit comme la plus belle des familles (souvent entendue aux cérémonies des Césars). Une famille, c'est sûr qu'il s'agit bien de cela : un Famille qui a du Travail et qui a une Patrie... bref une grande famille qui protège son territoire et se dispute les sujets les plus mièvres et les réalisateurs les moins controversés. J'ai bien envie de vous réciter une liste d'acteurs vus et revus, qui bénéficient de toute notre crédulité mais je crains qu'elle ne soit trop longue pour votre attention. J'observerais donc plutôt la chape qu'a créé insidieusement cette tribu en rendant niais, flou et morne le cinéma français à l'étranger. C'est vrai qu'il y a de quoi rougir face à notre passé et surtout devant l'ingéniosité créatrice et la réactivité politique de tant d'autres pays. La France a assis sur ses origines intellectuelles et artistiques, un lot d'imposteurs et de nantis qui ne veulent en aucun cas perdre leur place, qui écrase toute une génération d'artistes intrépides et généreux pour préserver leur gagne pain, à moins qu'ils n'aient déjà appris à étouffer ces même poussins dans leur coquille. Des écoles d'art et de cinéma jusqu'aux agences de casting et de production, le souci est à la propreté de l'image et au consensus de sens. Il serait totalement naïf pour croire qu'un film produit aujourd'hui en France a sa liberté de parole ou ne nous faudrait-il pas un peu plus de conscience pour boycotter cette soupe ininterrompue et faire une supplique en faveur de productions autonomes sans grand renfort de publicité ?

Sylvain Pack

dimanche 11 janvier 2009

Pour Pascale Servoz-Gavin, la bascule de pièces encodées.



Pascale Servoz-Gavin a saisi le rapport qui se trame entre la danse et l'image filmé, ce qui fait d'elle à ma connaissance la plus inventive et la plus inspirée des réalisateurs de danse-vidéos. Sa supériorité filmique ne lui vient en aucun cas d'une élégance claire, d'une transmission ou d'un respect systématique du travail physique de la danse. Ce qui la distingue de toute évidence est la singularité totale d'un langage factuel, d'un témoignage excessivement intime du corps en mouvement. Ce témoignage ne s'encombre d'aucun code de cadrage labelisé, ingéré par le cinéma, la télévision ou la vidéo d'artistes. Le bien tenu, la steadycam, la caméra planante, toujours en vue de s'associer au regard du spectateur (malgré certains qui s'en défendent) restent preuves d'un bon goût, d'un encore bien pensant promulgué et maintenu par ce dernier art encore très circonstancié qu'est le cinéma. Ne renions pas cependant à l'image filmé tout son lot d'expérimentations formelles. Hans Richter, Luis Bunuel, Andy Warhol, Guy Debord, Bill Viola, pour ne citer que les plus célèbres, ont tenté d'interroger le support filmique et ses limites pour des raisons toutes différentes mais elles s'inscrivent toutes dans leur parcours et leur processus personnel, ésotérique en quelque sorte, faisant corps avec l'ensemble de leur poétique. Leur style n'est pas obligatoirement la quête première et il surprend d'autant plus lorsqu'il s'affirme, jaillissant, évident soudain pour le public qui reconnaît et redécouvre toujours son auteur, en recherche d'une oeuvre, d'un ouvrage, dans le futur de sa trace, partitionnant sa propre réalité.



Avec 4 films à peine Pascale Servoz-Gavin signe déjà les tableaux animés d'une éblouissante beauté. Chacun d'une facture complexe et impliquée, tel que le sens d'un montage raisonné serait difficilement avouable, il nous emporte dans une danse pour la gloire, c'est à dire pour rien au monde saisissable et pourtant aussi proche que pourrait nous être un ami. A travers des performances d'artistes, comme elle, offerts au "sacrifice d'un dieu sans visage", lui soumettant toute leur animalité et toutes leurs pulsions géométriques, l'auteur retire du tamis le plus vital, tisse le plus précieux et le plus décousu, méditant plusieurs mois sur chaque fragment, portant aux nues maladresse, incongruité.


Jeune comédienne virtuose, programmatrice de vidéos expérimentales au Louvre, régisseur chez Gaspard Noé puis graveuse et ingénieur lumière, elle aura su multiplier ses expériences sans jamais s'y arrêter et en retirer une entière désinvolture dédiée au plus fragile : la jeunesse, la rue, la danse... Avec "Daydream", "Animalite", "Tango dans l'eau", "Ozland", 4 films à peine, Pascale Servoz-Gavin nous livre déjà les clés d'un orfèvre trismégiste qui n'aurait ni serrure, ni porte à nous proposer, et qui pourtant s'appliquerait à nous envoûter par la bascule de ses pièces encodées, à nous emmener dans quelque paradis retrouvé par leur utilisation incompréhensible.

Sylvain Pack

lundi 5 janvier 2009

La police du monde libre à Gaza.



Vaut mieux le capitalisme que la dictature vous diront de nombreuses victimes torturées par des régimes fascisants en tout genre.
Cet argument même ne tiendrait aucunement pour justifier l'offensive guerrière réalisée par l'armée d'Israël dans la bande de Gaza. "Le monde libre", ce monde bien-pensant qui est sensé nous représenter n'agit qu'après, faiblement, comme complice et conscient de cet irréparable. Seul le peuple s'agite et manifeste sa colère. Loin derrière eux les hommes du monde libre regardent avec peine le drame mais peut-être se sentent-ils enfin soulagés, laissant se faire la punition qui servirait enfin d'exemple à l'Islam, ce monde religieux. Les hommes d'influences sont tous responsables face à l'impunité du crime et face à sa prévision. Ils consentent, malgré eux pour certains, à cette idée de correction et signent là une erreur historique et humaine. Comment les palestiniens pourront-ils pardonner le crime aveugle et horrifique fait dans l'optique de les écraser et de les détruire ?

Sylvain Pack

dimanche 4 janvier 2009

Le théâtre comme exercice de contre-pouvoir.


Le théâtre, le lieu-dit du théâtre est un espace de formulation et de communication tout à fait particulier. Descendant des amphithéâtres et des roulottes, il porte encore en lui les paroles d'êtres extrêmement divers et singuliers, poètes bien sûr, tragédiens, révoltés, anarchistes, moqueurs, comiques et autres cyniques. Je n'irai pas jusqu'à dire que tous les écrivains ou metteurs en scène de théâtre étaient des héros de la contestation mais il va sans dire que l'histoire des arts a plus retenu les intrépides et les rebelles que les valets de l'ordre établi. On peut imaginer à cela bien des raisons.

theatre resistance
Le théâtre tel qu'il s'est développé et qu'il a voulu être préservé à grande peine, est un art non sectaire. Plusieurs castes sociales peuvent y assister de manière séparée ou confondue mais le théâtre ne privilège apparemment aucune d'entre elles. Le choix du langage ne créé là aucune séparation car le spectacle, la mise en mouvement et le décor, nous réunit sous un même enchantement, sous un même charme. La poésie la plus hermétique peut totalement cacher son sens à la majorité de ses spectateurs mais elle peut en réunir le plus grand nombre par sa musicalité. Ainsi et un peu différemment ai-je pu être fasciné par les dialogues entre Pier Paolo Pasolini et les représentants de couches populaires minorées dans son reportage "Comizi d'amore". A aucun moment Pier Paolo Pasolini n'a besoin de simuler un autre langage que le sien, c'est à dire une langue complexe et redoutable, nourrie de philosophie contemporaine et de sciences humaines pour rentrer dans un contact intime avec ses interlocuteurs. Que le poète Ungaretti, très âgé et encore taquin sur une chaise de plage, lui réponde avec tendresse sur les aléas de sa vie sexuelle, ou que de jeunes calabraises puissent confier à la caméra leur manque d'autonomie affective dans une région reculée et machiste, on ne distingue chez l'auteur aucune démagogie langagière, aucune préférence quant à l'importance de la parole.


pasolini


De la même manière le théâtre étend son spectre autant vers les gens de condition précaire que vers la bourgeoisie, autant vers la tyrannie que ses esclaves. Vous viennent alors en tête, des auteurs phares ou groupes qui, chacun dans leur parcours unique se sont passionnés pour cette contradiction, voire ces batailles, Shakespeare, le Living Theater, Molière, Bertolt Brecht, Samuel Beckett, Garcia Lorca... Les premières polémiques du festival d'Avignon n'y étaient pas étrangères. En effet là où les pièces de répertoire s'installaient dans de confortables acquis, Jean Vilar ne voulait plus être. Et c'est surtout dans cette réaction politique, liée donc aux affaires de la cité, qu'il a voulu remettre le théâtre en jeu, face à son public d'origine (un public hétéroclite), dans des espaces plus exposés, plus extérieurs. Que de nombreux auteurs contemporains ne l'aient pas suivi est plutôt dommage mais ils n'ont en rien empêché le développement international de ce projet hors-norme. Il y avait surtout là le signe persistant d'un doute quant à l'autorité du pouvoir et Jean Vilar n'hésitait pas à insister sur ce point à chacun de ses interviews.
Ce rappel de sens a grandement influencé les arts vivants européens et il est aujourd'hui évident qu'on trouve à cet endroit de confluences d'héritages une véritable confusion. Les uns en retiennent le pluri-disciplinaire, l'art contextuel, les autres un théâtre indépendant et populaire. Les structures nationales et les institutions sont à l'affût du choc et du sensationnel. Bref l'affaire de fond, enfin celle qui m'intéresse ici, s'est partiellement disloquée. Alors qu'entend-on par contre-pouvoir ?

Contre le pouvoir, qui abuse de son autorité et qui met à genoux ceux qu'il matte, il y a bien des réactions et des révolutions. La révolte est rarement univoque. Sans doute l'énergie du contre-pouvoir est à rechercher dans la revendication de l'être pluriel, dans la possibilité d'être différent et de se comporter différemment. Cette hétérogénéité est justement la marque du théâtre. Si le pouvoir est souvent pyramidal, le théâtre est plutôt anarchique. Tantôt, basse-cour ouverte et sans siège où tout public se mêle, tantôt paradis réactif et piailleur, cellules de privilèges pensant, tantôt miroir exact et dangereux, tantôt vraie démocratie ou forum public... le théâtre ne se laisse jamais prendre par la définition. La preuve encore aujourd'hui où la majorité des salles est redessinée par l'afflux des spectacles trans-genres où l'espace du public est décidé en fonction de la proposition scénique. Et dans la perspective de cette souplesse de mise en scène, de débordement vers le spectateur se rejoue l'origine sémantique du théâtre. Ce mot est encore et toujours questionné puisqu'il s'agit originellement de l'espace où se situe le spectateur; d'où il peut évoluer, d'où ses divergences de compréhension et d'acceptation fondent sa propre société. Si l'abus de pouvoir est majoritairement l'effet d'un petit groupe et d'un seul despote, le théâtre est décidément, comme son envers, le lieu de sa contestation.



Sylvain Pack

jeudi 1 janvier 2009

Mascarade de voeux.




J'avais jusque là dans l'idée de me retenir, d'être indirect, de chercher avec d'autres figures, de penser des futurs, des perspectives mais malheureusement pour moi, je suis tombé sur les voeux présidentiels de 2009 que j'ai heureusement coupé en cours de visionnage... Il est maintenant très difficile de savoir où s'arrête notre niveau d'acceptation personnelle en terme d'information médiatique et de pollution visuelle.

Suite à ces quelques minutes de manipulation et à ce dernier siècle qui a vu partout se développer les systèmes les plus perfectionnés en matière de propagande, nous pouvons très clairement relever les signes effrayants de l'ironie et du mensonge dans le discours du chef de l'état français, Nicolas Sarkozy. Que le président ait écrit ou non ce texte est déjà un premier triste doute. Que sa construction et sa rédaction soit emplie d'erreurs de vocabulaire est autrement plus grave. Je précise aussi rapidement ce que j'entends par vocabulaire. Utiliser le mot "vérité" à la place d'"idée" ou d'"opinion" est une erreur de vocabulaire dont les conséquences sont bien plus dramatiques que des oublis de liaison ou de méconnaissances syntaxiques. En effet, Nicolas Sarkozy semble à plusieurs reprises nous faire entendre qu'il nous a dit la vérité. Comment ne pas douter de son insistance langagière lorsqu'on réalise qu'il est entrain de lire un prompteur comme un robot et que cette exercice d'interprétation commence à l'ennuyer ? Le mauvais acteur qu'il devient tente alors quelques changements de ton et de rythme faisant sombrer le contenu de sa fragile diatribe dans un fabliau moraliste pour enfants récalcitrants.
En gros, participons à "l'effort de guerre"! Les 26 milliards d'euros venus d'une planète inconnue ne suffiront pas à rendre toutes les nouvelles banques heureuses. Au travail, tous ensemble! M. Nicolas Sarkozy a réussi, lui, et c'est ce qui nous invite à faire: comme lui. S'engager sur tous les fronts, redonner une image de la France entrepreneuse et influente. Voilà le signe déplorable de l'action politique que cet homme mène depuis le début de sa carrière : son obsession de l'image et de l'apparence. Pourquoi les français ne s'en sont-ils pas rendus compte plus tôt ? Etions-nous tous déjà trop vieux, inaptes à entrevoir la modernité des techniques manipulatoires ?

Nicolas Sarkozy mène sa carrière et ses intérêts en vertu de l'audimat et de la séduction. C'était déjà sa plus vive passion. Obsédé de télévision, contrit de complexes et de frustrations, il n'avait plus qu'à se venger du regard qu'on portait sur lui. Car voilà enfin l'idée simple et évidente que je vous soumets par le biais de cette réaction critique. Cette pathologie n'est-elle pas, plus encore qu'autrefois, fulgurante et dévastatrice ?
Mais il faut, avant un quelconque consentement, vous exposer les effets de ce Mal. Quant aux origines, elles demanderaient je pense une plus longue analyse. Avoir peur du regard des autres, ce trouble récurrent de notre fin de civilisation, serait en effet complexe à délier sur une aussi vaste période que représentent les fondements de l'empire occidental mais il pourrait être fort judicieux d'ouvrir ce dossier "psycho-logique" à la lueur de l'histoire de l'art et des images puis inévitablement celle de la politique.



La peur du regard des autres entraîne le travestissement et la représentation. Celles-ci peuvent être les sources d'intenses plaisirs et de nombreuses productions artistiques. Mais l'art et la politique ne font pas toujours bon ménage, surtout lorsqu'ils ignorent l'un de l'autre les motivations les plus enfouies en leurs sujets. Notre histoire récente auraient préféré qu'Hitler reste peintre. Quant à moi, je connais quelques artistes qui ont la sagesse de ne pas s'immiscer dans le terrain de la politique, se doutant du danger qu'il pourrait faire courir à leur voisin. Autant l'artiste que l'homme politique gagne à travailler sur lui, sur ce qu'il est pour lui-même. Il peut comprendre alors que le psychisme se nourrit d'interactions entre bien-être social et épanouissement de l'expression des facultés individuelles.

Vouloir être n'est pas être. Chercher à incarner une figure historique ou une personnalité brillante et valeureuse est le cheminement pénible que Nicolas Sarkozy aurait dû nous éviter, surtout lorsque l'on représente une population et que l'on se retrouve face à un aussi grand désaveu social.

Sylvain Pack